• Le médecin de la famille Schoubert dit un jour au papa, un émigré russe, chauffeur de taxi, comme le veut la tradition: « Il est un peu chétif, ton petit Jean, il devrait faire de la gym! »

    Mais quand le petit Jean, va au gymnase, c’est par la porte, très détournée, de l'école de danse. Et le voilà, rare garçon parmi les apprenties ballerines dans son premier rôle artistique… L’ange malicieux, encore très gamin, qui veillait déjà sur Schoubert, était bien inspiré, ce jour là, pour envoyer un pareil élément sur une piste de danse… A cette époque, Jean est déjà très myope … A son premier spectacle, privé de ses lunettes, il perd sa partenaire et en dépit des signes désespérés qu’elle fait pour qu’il la rejoigne, il continue de la chercher à l’aveuglette du mauvais côté de la scène…

    Visiblement, la danse n’est pas son truc, et pourtant… Car l’anecdote est trop belle pour s’arrêter là. Schoubert retrouvera, des années plus tard, deux de ses petites partenaires de l’époque. L’une était devenue Mme Bienvenue, secrétaire de l’école de danse de l’Opéra de Paris, l’autre était Claude Bessy la célèbre danseuse-étoile devenue directrice de danse de la prestigieuse institution. Et Schoubert? Il sera pianiste à l‘école de danse de l‘Opéra…

    Françoise, ex-danseuse et épouse de André Diot - l’homme aux quatre Molière - s’en souvient encore: « Nous aimions quand c’était lui qui jouait… Il nous donnait l’envie de voler!»

                

                 Jean Schoubert avec les petits rats de l'Opéra


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  • Schoubert est un vrai Montmartrois. Il a vécu la Butte des pavés en bois, des laitiers, des charbonniers qui livraient encore en charrettes à chevaux… Il y a vécu les années noires de la guerre. C’est pendant les bombardements qu’il passe son Certificat d’Études, avec sa classe, dans une cave de la rue Ferdinand Flocon. Dans une telle situation, l’Académie se devait de n’être pas trop regardante. Ils ont tous été reçus!

    Curiosité, inconscience? Ca lui ressemble bien. Ce jour là, Jean Schoubert n’a pas obéi à l’autorité allemande… Des véhicules dotés de hauts-parleurs remontant la rue Lepic avaient ordonné aux riverains de s’enfermer chez eux, de fermer les volets et de ne regarder dans la rue sous aucun prétexte. Les militaires allemands tiraient sur tous ceux qui n’obéissaient pas… Schoubert a regardé quand même… Écartant légèrement le volet , il voit, dans le bruit assourdissant d’une impressionnante escorte de motos et d’automitrailleuses allemandes, le Führer, Hitler en personne remontant la rue Lepic a l’arrière d’une Mercedes décapotable…

    Cet épisode sera oublié ce jour de août 1944 ou Schoubert montera sur les barricades Caulaincourt-Clichy, lors de la libération de Paris.

    Deux ans plus tard, il est 1er prix de conservatoire en compagnie d'un autre élève appelé Michel Polnareff, qui fera sa réapparition un peu plus tard, au cours des années "beatnik", sur les marches du Sacré-Coeur.


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  • Sous les drapeaux à Vincennes, Schoubert est affecté - on l’aurait parié - à la musique… aux cymbales!… Lors de la parade du 14 juillet 1950 sur les Champs-Elysées , il perd une cymbale en plein défilé!… L’objet est récupéré, aussi discrètement que possible, par un sous-officier. Mais on ne rigole pas avec le matériel militaire. Cette faute professionnelle vaudra un blâme sévère à son auteur.


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    De formation classique, Schoubert découvrira le jazz et New-York, en s’embarquant sur le paquebot Liberté, où il est pianiste dans l’orchestre de bord. Mais Schoubert a le mal de mer. C’est comme pour la danse, le bateau n’est pas vraiment son truc! Cette fois c’est le piano qui danse, au gré de la houle. L’instrument échappe au malheureux pianiste qui rame désespérément pour en garder le contrôle. Arrivé, non sans soulagement, sur la terre ferme, Schoubert débarque, définitivement guéri des croisières, à la recherche d’horizons et de pianos plus stables. C’est au Sully d’Auteuil qu’il le trouvera … Croit-il!

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    Nous sommes en 1953... Bals populaires, entractes de cinémas, brasseries, cabarets… Jean Schoubert se fait, sur la terre parisienne un itinéraire déjà digne d’un vrai routier du spectacle…

    A Montmartre, on le voit « Chez ma Cousine » , ou au « Tire-Bouchon », en compagnie de Bernard Dimey. Chez Patachou, déjà « coupeuse de cravates », il accompagne régulièrement Jean-Claude Darnal. Ce jour-là était présent un chanteur débutant, s’accompagnant à la guitare. Ce dernier souffla à Jean-Claude Darnal: « Si tu n’avais pas eu un contrat avec lui, je te l’aurais piqué, ton Schoubert ». Jean Schoubert venait de manquer celui qui était en train de devenir le grand Jacques Brel.

    Pour les fêtes de fin d’année, le Sully d’Auteuil avait engagé l’humoriste Fernand Raynaud complètement inconnu encore. La rencontre se fait dans la sympathie. Fernand dit à Jean: « Je fais l’andouille, je chante une chanson puis je fais un numéro de mime… Tu n’auras qu’à me suivre au piano… ». Pas de partition. Pour toute répétition, Fernand Raynaud chantonne une vague mélodie: « T’es un peu belle mignonne » que Jean capte tant bien que mal… L’inquiétude tombe vite. En scène, Fernand Raynaud est drôle et Jean Schoubert assure dans un style ragtime a la manière effrénée des pianistes du burlesque. Le duo improvisé est vivement applaudi par le public et félicité par le patron du Sully… Ce soir-là, Fernand Raynaud quitte Jean Schoubert en ces termes: « Si un jour ça marche pour moi, je te prendrai comme pianiste».

    Il tiendra parole…


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