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Elyette (2)
Il aurait été fier, le père Planchon… Cet endroit qui fut son Rêve, à lui…
Etienne Planchon, le père d’Elyette , arrivé depuis 1926 de sa Lozère natale, bosseur acharné, et fort de son expérience professionnelle au cœur des milieux « bougnats » parisiens décida, en 1955 de prendre les commandes du Rêve. Élyette avait 11 ans. La saga des Planchon était commencée. Etienne, forte personnalité - c’est de famille - se fit vite un nom à Montmartre. Le « Rêve » déjà auréolé de légende de par sa position sur la Butte, puis de par les personnalités qui le fréquentaient était un endroit déjà très populaire. Simenon, en 1924 s’y installait pour écrire, tandis qu’en face, la « foire aux croûtes » de Depaquit animait la place Constantin Pecqueur. Alors que peu à peu, disparaissait le maquis de Montmartre, apparaissaient Céline, Gen Paul, d’Esparbès comme les éclaireurs de tout un défilé d’artistes de tous bords, qui vont devenir les « réguliers » du Rêve.
Elyette, qui est une encyclopédie d’anecdotes, nous raconte qu’au tout début du XXe siècle, cet endroit était une crèmerie qui fut transformée en bar. Le mot « Rêve » viendrait du fait qu’on y servait de l’absinthe, dont les effets « planants », disait-on, menaient parfois à la folie. Quand l’absinthe fut de nouveau autorisée en 1988, Elyette, pour la tradition, ne manqua pas de la rétablir dans son bar.
Vite familiarisée avec les « piliers » des lieux, la très jeune Elyette comprendra vite, en grandissant, qu’elle vivait dans un environnement pas comme les autres. Quand elle eut l‘âge d‘aller danser, ses parents soucieux de sa protection, lui collèrent comme chaperon, l‘une de ces « figures locales » Jean Millien, dont les «coups de gueules » résonnent encore sur la Butte. Rue Fontaine, au détour du Bus Palladium, il faisait tellement peur aux cavaliers d’Elyette qu’elle avait bien du mal à se trouver un partenaire…
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