• Décrire les conséquences des électrochocs sur la vie et l'œuvre de Jean Millien serait trop long mais on peut constater que l'expression de ce créateur, dont la critique salue depuis longtemps déjà la puissance incontestable, va prendre des « couleurs » nouvelles.
    Est-ce une volonté de rétablir l'équilibre? Millien a visiblement prit un tournant mystique, car abondent dans son œuvre les valeurs religieuses ou symboliques. Celles-ci s'annonçaient déjà avec sa collaboration avec Lesquibe lors de réalisations de peintures et de vitraux pour des églises basques, dont la cathédrale de Bayonne. Il représente des « Vierge», des  Anges , des «  Christ » et des symboles caractéristiques tels que poissons, chevaux, colombes. On y ajoutera les portraits de personnages dont la force créatrice l'aura sans doute influencé (Eluard, Bachelard, Villon...) Sa période « mystique » est très productive a en juger le nombre d'expositions et de salons auxquels il participe, appuyé en cela par une presse artistique particulièrement élogieuse.


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    Gaston Bachelard, paru dans "Combat" - 1957

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  • Il faut noter un fait curieux: le docteur Ferdière avait, dans sa conférence de novembre 1949, où il était question de Millien, fait un rapprochement entre «mer » et « mère ».
    1959 voit le décès de la mère de Jean Millien et aussi l'amorce d'un nouveau virage dans l'oeuvre du peintre. Millien avait vécu à Pragues une jeunesse plutôt dorée. Mais sa mère était un personnage tourmenté. Après 1959, il peint de plus en plus de marines. En 1960, au Salon de la Peinture à l'eau, l'œuvre de Millien a déjà atteint, dans tous ses paysages, un dépouillement très net. On sent notamment, à travers une recherche délicate et sensible de ses bleus, comme une volonté d'exprimer la mer comme un élément d'une valeur désormais essentielle, comme si l'eau - salvatrice - représentait pour lui l'ultime richesse de la terre.
    Les belles et délicates marines de Jean Millien, qu'il produira en grand nombre, seront donc sa dernière expression de peintre. Peut-être n'avait-il plus rien à prouver ensuite, ayant réussi à trouver l‘essentiel. A la fin de sa vie il ne travaille plus. Le peintre fait le pitre! Ces périodes où Jean « s'éclate», sont entrecoupées - des mois durant parfois - de fortes dépressions. Car la vérité est là aussi: ce comportement cachaient un état dépressif que certains ont jugé parfois trop vite chez Millien.
    En règle générale, les Montmartrois du versant Caulaincourt, en dépit des extravagances de leur  « phénomène », l'aimaient bien. Lorsqu‘ils en parlent, ils témoignent toujours à son égard de leur générosité, de leur humour, d'un noble sens de légèreté caractéristique à notre quartier.
    Pendant que l'on se souvient encore de lui, il nous semble que l'histoire de Jean ne devrait pas s'arrêter ainsi. A l'heure où la « Mélancolie » s'affiche au Grand Palais, tandis qu'au Musée d'Art Naïf, Halle Saint-Pierre, s'exposaient récemment les « Brésiliens en hôpitaux psychiatriques » nous verrions avec joie les gardiens de cette culture picturale qui est tout de même l'une des principale richesse de la Butte, ouvrir à nouveau les portes à ce « poète disparu » . A quand donc l'exposition: « Hommage à Jean Millien », enfant terrible de Montmartre? Et pouquoi pas au musée de la rue Cortot?

    Eric Boldron


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    Remerciements:
    A Frank Millien, Elyette Segard-Planchon, Nawel Sabri

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